Pour bien comprendre comment se déroule le parcours de thèse en Allemagne, il faut d’abord s’intéresser au système des études de droit dans son ensemble.
Le système des études de droit en Allemagne
En Allemagne, le droit fait partie des matières qui ne furent qu’assez peu touchées par le « processus de Bologne ». Si de plus en plus d’universités dispensent des formations juridiques et délivrent des diplômes reconnus dans l’Espace européen de l’enseignement supérieur, la grande majorité des étudiants allemands préfèrent suivre l’ancien parcours d’études structuré par les examens dits « d’État » (Staatsexamen). En général, les étudiants se présentent au « premier examen d’État » après environ quatre ou cinq années d’études à l’université. Après avoir passé cet examen, ils peuvent débuter une « période de formation pratique » (Referendariat) qui dure à peu près deux années et qui s’achève par un « deuxième examen d’État ». Un étudiant qui a réussi ces deux examens d’État acquiert le titre d’« avocat pleinement qualifié » (Volljurist).
Pour accéder aux professions judiciaires, comme juge ou avocat, il est obligatoire de passer ces examens d’État. C’est pourquoi la très grande majorité des étudiants opte pour le parcours classique d’études.
Les voies menant à la thèse en Allemagne
Dans ce cadre, les conditions pour débuter une thèse vont varier selon que l’étudiant a opté pour l’un ou l’autre de ces parcours. Pour les étudiants des « nouvelles filières », comme en France et dans les 47 pays composant l’Espace européen de l’enseignement supérieur, un grade de Master est requis pour être admis aux études doctorales. Pour les étudiants suivant le parcours « traditionnel », la réussite au premier examen d’État constitue la condition principale de recevabilité. Ils peuvent alors directement débuter leur doctorat mais, généralement, ils vont le faire plus tard, après avoir passé le second examen d’État. Au-delà de cette condition de recevabilité au sens strict, il est recommandé d’avoir eu de bons résultats à ces examens. Le professeur d’université, pour se décider à diriger la thèse de doctorat, tiendra compte de la personnalité du candidat, de la qualité du projet de recherche et des résultats académiques de l’étudiant.
Les modalités de la thèse en Allemagne
Sur le plan du financement, il faut différencier entre les doctorants dits « internes », embauchés par l’université, et les doctorants « externes », qui n’ont pas de contrat avec l’université. Les doctorants internes vont effectuer des tâches de recherche et d’enseignement pour leur directeur de thèse. Les doctorants externes vont, le plus souvent, travailler dans des cabinets d’avocats ou pour des entreprises. Leurs employeurs, en principe, vont proposer un poste en adéquation et adapter leurs conditions de travail à leur activité de recherche. Enfin, d’autres thésards externes vont financer leur thèse par le biais de bourses ou autres ressources financières.
En principe, la durée d’un doctorat en droit n’est pas fixée ou limitée. La plupart des doctorants mettent entre deux et cinq années à terminer leur thèse. Évidemment, cette durée dépend pour beaucoup de l’étendue du projet de recherche, du volume de travail additionnel et de la rigueur du thésard dans la gestion de son projet de thèse.
Dans le cadre du doctorat « traditionnel », les professeurs peuvent organiser des séminaires durant lesquels les doctorants sont amenés à discuter de leurs thèses dans une ambiance plus ou moins informelle. Cependant, les doctorants ne sont pas dans l’obligation de suivre ces séminaires ou tout cours universitaire par ailleurs. Les tâches à effectuer en parallèle du travail de thèse en tant que tel vont dépendre des exigences que le directeur de thèse peut formuler à son gré. De plus en plus d’universités élaborent, toutefois, des programmes fixant des obligations pour les thésards de participer à des séminaires ou ateliers.
Certaines universités permettent d’effectuer des thèses en cotutelle avec un établissement étranger d’enseignement supérieur. Il sera obligatoire pour le thésard d’avoir un tuteur issu de cet établissement. Il lui sera également obligatoire de passer au moins un séjour de recherche à l’étranger. Concernant la langue de rédaction, le doctorant sera en droit de choisir. Lors de la remise de la thèse, il devra toutefois préparer un résumé en langue allemande ou dans la langue étrangère concernée. Pour que cette cotutelle ait lieu, il est généralement requis qu’un contrat de coopération ait été conclu entre l’établissement allemand et l’établissement étranger.
Les débouchés après la thèse en Allemagne
En Allemagne, la thèse de doctorat a toujours été valorisée chez les praticiens. Mais aujourd’hui, les L.L.M. tendent de plus en plus à être reconnus comme une alternative au doctorat. Acquis pour leur grande majorité dans des universités renommées des pays anglophones, les L.L.M. permettent l’acquisition de connaissances en droit comparé ainsi qu’une maîtrise de la langue anglaise particulièrement recherchées. C’est pourquoi de plus en plus d’étudiants prennent la peine d’effectuer un doctorat et un LL.M. Le doctorat continue bien évidemment d’être une condition nécessaire pour poursuivre une carrière universitaire, mais il s’y ajoute d’autres conditions. Pour obtenir un poste de professeur dans une université, le candidat doit démontrer avoir de vastes expériences dans l’enseignement et doit avoir élaboré une thèse d’habilitation (Habilitationsschrift), c’est-à-dire un deuxième travail scientifique plus approfondi que la thèse de doctorat.
Par Per Rummel, docteur en droit, Senior Analyst at the Monopolies Commission
Merci pour votre article.
J’envisage d’effectuer mon doctorat en Allemagne.
Je souhaite savoir si lorsque l’on conclut un contrat avec une entreprise, c’est semblable au CIFRE ? Est-ce qu’il y a des différences ?
Antoine
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