Appel à communication pour un colloque organisé par le Centre d’Etudes Européennes de Lyon (dir. scientifique Gaëlle Marti et Loïc Robert) qui aura lieu les 20 et 21 octobre 2022 à l’université Jean Moulin Lyon 3 et portera sur « La conflictualité dans l’UE : menace existentielle ou catalyseur d’intégration ? »
Date limite de candidature : 15 juin 2022.
PROJET SCIENTIFIQUE
La conflictualité est-elle euro-compatible ? Constitue-t-elle une menace pour le projet européen ou
permet-elle au contraire sa progression ? L’intégration « par le droit » qui caractérise l’intégration
européenne a-t-elle produit, comme le soutiennent les eurosceptiques, une dépolitisation de l’Union
responsable du déficit démocratique de celle-ci ? Remédier à ce déficit suppose-t-il de réintroduire la
possibilité du conflit, de nommer les clivages mais aussi d’institutionnaliser l’expression du dissensus ?
Toutes ces questions seront au coeur du colloque qui sera organisé les 20 et 21 octobre à
l’université Jean Moulin Lyon 3 par le Centre d’Etudes Européennes.
L’Union européenne entretient depuis l’origine, un rapport ambivalent à la conflictualité. Mettant en
oeuvre l’idée, affirmée dans le préambule du traité CECA, de substituer aux rivalités séculaires entre Etats
européens la fusion de leurs intérêts essentiels, les Communautés puis l’Union se sont construites en
grande partie sur l’évitement du conflit : évitement du conflit décisionnel par le recours à des organes apolitiques
et reposant sur une légitimité d’expertise (Commission européenne, agences) et la démocratie
consociative ; évitement du conflit normatif par l’instauration d’un système de coopération juridictionnel
inédit chargé de les anticiper ; évitement du conflit identitaire par l’affirmation de critères d’adhésion
censés favoriser l’homogénéité politique, économique et juridique des Etats candidats ; évitement du
conflit politique avec l’exclusion, à l’origine, des questions politiquement « sensibles » telles que la défense
et la sécurité extérieure, ou encore le choix d’un soft power et de la diffusion des valeurs par l’attractivité
du marché européen plutôt que par l’édification d’une Europe puissance.
Il n’en reste pas moins que la conflictualité est souvent présentée, tout aussi légitimement, comme un
puissant moteur de l’intégration. Dès l’origine, c’est bien sur les cendres du second conflit mondial qu’a
pu émerger le projet communautaire. Les grandes évolutions du processus d’intégration sont souvent
dues à des crises majeures (crise de la chaise vide en 1965, réserves de constitutionalité énoncées par les
cours constitutionnelles allemande et italienne, chèque britannique, référendums négatifs, crise des dettes
souveraines, crise migratoire, etc.). Et encore aujourd’hui, les analyses convergent pour affirmer que le
conflit en Ukraine a joué un rôle décisif dans l’avènement espéré d’une véritable politique européenne de
défense.